RESF 09 - Compte rendu de l’audience accordée par la Préfecture de l’Ariège
Compte rendu de l’audience accordée par la Préfecture le mardi 4 septembre à 14h.30.
Nous avons été reçus par Mr le Préfet en présence de Madame Castro, directrice de Cabinet et de Monsieur Fossat, directeur de la réglementation.
Nous étions neuf à composer la délégation ( Francas, secours catholique, secours populaire, FSU, Amnesty, Cimade, Emmaüs, UNSA et la Ligue des Droits de l’Homme).
Le Préfet a introduit en expliquant que :
1) les jeunes concernés étaient arrivés par des filières d’immigration clandestine qu’il fallait casser et donc refuser les régularisations…
2) Qu’ils avaient des formations et qu’ainsi de retour au pays, ils seraient une richesse pour ce pays, pourraient y monter une entreprise… Que le récit de leur misère ne devait pas être pris au pied de la lettre et qu’en Afrique tout le monde gardait une famille dite large et n’était jamais abandonné.
3) Qu’ils étaient de plus en plus nombreux, rappelant le communiqué de la Préfecture la veille dans la presse et que ça coûtait beaucoup trop cher au contribuable.
Nous avons fait valoir :
1) Que le nombre d’arrivées pour 2006 et 2007 était erroné et non confirmé par les institutions en charge de l’accueil… tout au plus une dizaine pour 2007 (et non 41 ou 35 comme on voulait le faire croire par ce communiqué).
2) Qu‘il aurait été opportun de dire aussi dans la Dépêche que c’était, certes, le contribuable qui payait mais par les caisses du Conseil Général et qu’en éjectant les jeunes, on gaspillait cet investissement, comme on gaspillait tout le travail social d’insertion qui avait été engagé avec eux par les services sociaux. Les soutiens des Responsables et Elus que nous avons reçus insistent tous sur cet investissement et le gâchis que seraient les expulsions.
3) Que nous comprenions qu’il faille s’en prendre aux filières d’immigration clandestine mais, qu’en l’occurrence, on s’en prenait aux victimes et non aux « passeurs ». Que leur renvoi au pays pouvait pour la plupart être synonyme de nouvelles violences, qu’on n’avait pas le droit d’ignorer ces risques.
4) Que nous sommes plutôt convaincus que ces expulsions répondent aux exigences de « faire du chiffre » exprimées par le ministère… Que nous comprenons mal que ce soient les jeunes les mieux insérés dans la vie sociale qui en soient la cible…
5) Que jusqu’à ce jour les autorités avaient toujours donner priorité aux critères d’intégration (langue, scolarisation, formation, « bonne conduite) pour envisager une régularisation. Le travail fait dans ce sens n’aurait-il plus de raison d’être.
Bref… un dialogue qui n’avance pas beaucoup et qui se traduit par une « mise en attente »…
Monsieur le Préfet décide (ou plutôt ne décide rien…) d’attendre la décision du Tribunal Administratif saisi de recours et ne donnera aucune réponse positive aux demandes de recours gracieux formulés auprès de l’autorité discrétionnaire dont il dispose.
Nous sommes tentés de dire que c’est la solution facile : le Tribunal donne raison au Préfet et entérine les expulsions… C’est la Justice la méchante et non la Préfecture (bonne conscience…) ; la Justice donne raison aux jeunes et ils seraient ainsi régularisés, la Préfecture aura fait son travail et le Ministère ne pourra rien lui reprocher… (bonne conscience…).
En attendant : Le recours est suspensif d’exécution donc la vie continue, mais sans titre de séjour, avec l’angoisse d’être inquiété chaque jour par la police, avec l’angoisse quant à l’avenir professionnel ou scolaire, avec la peur au ventre et la déprime qui l’accompagne… le tout en toute humanité bien sûr puisqu’on laisse entendre « que rien ne se passera avant les échéances judiciaires » (Novembre / décembre…).
La porte aux négociations resterait ouverte : Où ? Quand ? et Comment ? Permettez-nous d’en douter…
Nous avons déclaré que personne ne serait caché, que tout le monde continuerait de « vaquer à ces occupations », à vivre ses lieux de vie et ses relations. Certes, nous avons et continuons de déposer des recours au Tribunal Administratif (les délais de recours n’étant que d’un mois nous ne saurions courir le risque de les laisser passer), mais nous continuons de déposer préalablement des recours gracieux auprès du Préfet pour permettre à chacun d’affirmer sa position, pour faire valoir ce que fut et ce qu’est la vie individuelle de chaque jeune concerné.
Tout cela est bien tristounet.. pas très digne de la Patrie des Droits de l’Homme comme le claironne le Président de la République à Arcachon… Effet de manche !
QUANT A NOUS :
Nous assurerons la défense, forts des mobilisations réalisées, forts des possibilités d’en mettre d’autres en œuvre à l’occasion des prochaines échéances, forts des soutiens nombreux et significatifs que nous recevons dans ces démarches (individuels, institutionnels, associatifs, syndicaux et politiques).
Nous assurerons l’accompagnement des six jeunes menacés et des autres tant près des tribunaux que dans leur vie quotidienne, tentant ainsi, malgré des conditions déplorables, de leur garantir les moyens de poursuivre travail et formation, vie sociale et insertion…
Le Réseau Education Sans Frontière, le Collectif « Fin de procédure », les Associations qui les composent sont mobilisés grâce à vous tous qui avez manifesté votre soutien… Continuons, continuez à faire vivre cet élan de solidarité et de fraternité. Il n’est pas possible que l’intelligence et le bon sens ne soient pas reconnus.
Nous ferons circuler régulièrement des points d’informations que nous vous demandons de relayer à travers les réseaux mis en places. N’hésitez pas à nous contacter pour savoir, pour proposer, pour informer…
Coordination Ligue des Droits de l’Homme
Le 6 septembre 2007
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