Ecole Benezet : va-t-on les laisser expulser ?
CROIX-DE-PIERRE. PETIT DÉJEUNER DE SOLIDARITÉ HIER AUTOUR DE SEPT ENFANTS, ISSUS DE FAMILLES MENACÉES D’EXPULSION.
Katya, Raycho et leur famille sont hébergés encore pour quelques heures à l’hôtel. Burhan, Djemila, leur petit frère et sœur de 2 ans et 9 mois vivent avec leurs parents dans la plus extrême précarité : sans ressources, sans papiers, sans travail, ils n’ont droit à aucune aide. La situation n’est guère mieux pour Néfizé, Mohamed, Mucahit et leurs parents, arrivés en France il y a un peu plus d’un an. Ces sept enfants, âgés de 6 à 12 ans, issus de quatre familles bulgares, kurde et kosovar sont toujours menacés d’expulsion. Une menace qui se précise jour après jour, après que leur demande de régularisation, cet été, ait été rejetée.
Hier matin, l’école annexe Benezet où sont scolarisés ces élèves s’est à nouveau mobilisée. Un petit-déjeuner était dressé à l’entrée des locaux, café chaud, affichettes placardées sur les vitres et banderoles déployées. Des colis alimentaires ont été également déposés. L’équipe enseignante et les parents d’élèves ont souhaité réitérer leur solidarité envers ces familles et en particulier à l’égard de leurs enfants qui sont sur le chemin de l’intégration depuis quelques mois, voire plusieurs années comme Katya.
KATYA, 12 ANS, SCOLARISÉE DEPUIS 4 ANS
Cette fillette de 12 ans, à la longue natte brune, en CM2 depuis la rentrée, scolarisée depuis 4 ans à l’école Benezet parle le français couramment et sert de traductrice à ses proches. « C’est une élève très, très brillante », résume Philippe Hitier, son instit, qui vient bosser tous les jours à l’école « avec la trouille au ventre » de trouver un matin la place de Katya en classe, vide. « Sur le plan administratif, ils ont tous reçu des notifications négatives. On est très inquiets sur l’issue », ajoute Marie, enseignante qui s’occupe de la classe langage pour les primo arrivants, où sont passés ces sept enfants.
Face à cette situation d’urgence, plusieurs parents d’élèves ont pris l’initiative d’héberger quelques-uns de ces enfants chez eux. « On ne pouvait pas rester sans réagir », confie un père de famille, heureux de voir « l’épanouissement personnel très net » depuis plusieurs semaines de son protégé.
Quelques élus se trouvaient aussi sur place hier. « On voit bien qu’on est dans un mouvement toujours populaire », souligne François Simon, conseiller municipal groupe SER qui s’interrogeait « sur ce que fera la Ville de Toulouse si demain ces enfants sont dans la rue ? »
Valérie Sitnikow
La dépeche du 06/20/06